Identité sexuelle
Tout d'abord, je tiens à signaler que ceci n'est pas une histoire à proprement parler mais le fruit d'une réflexion. Donc je m'excuse mais lorsque j'aurais le temps, je pense sérieusement reprendre l'écriture. Pour le moment je suis loin d'avoir le temps. Je raconte une histoire, mon histoire. De manière quelques peu égocentriques vont penser certains mais je voulais surtout partager mon ressentit. Soyez donc indulgent. Bonne lecture.
De nos jours, nous devons donner notre identité sexuelle. Homo, gay, lesbienne, trans… tous ses termes qu’on entend dans les médias et les réseaux sociaux. Ils sont parfois accompagnés des termes normaux ou anormaux. Pour certain, c’est inhumain, anormal même d’être homosexuel. Mais qu’est-ce que la normalité ? La normalité dans notre société actuelle, c’est être hétéro, avoir une famille avec des enfants. Les gens qui militent pour les droits des homosexuels vont peut-être me sauter au cou en lisant ses lignes et pourtant, c’est bien l’idée que l’on se fait de la normalité. Pas plus tard qu’aujourd’hui, j’ai appris que je vais devoir prendre la pilule contraceptive pour un traitement médicale uniquement pour éviter de tomber enceinte lors de la prise du traitement. Pas une seule fois, le médecin m’a demandé si j’étais avec un homme ou une femme lorsqu’il y a deux semaines, il m’a donné l’instruction de demander à un gynécologue de me prescrire une contraception. Naïve comme je suis, je pensais que cela allait en connivence avec le traitement afin qu’il soit mieux assimilé par le corps. Cela parait bête vous allez me dire et pourtant non anodin. Pourquoi aurait-il posé la question ? C’est la question que d’autres poseront. Et à cette dernière je n’ai pas d’autres réponses que : il n’avait pas à la poser puisque les jeunes femmes normales ont des rapports sexuelles normaux avec des hommes et donc risquent de tomber enceinte durant le traitement. Et comme le médicament peut atteindre et déformer le Fœtus, il vaut mieux éviter tout malentendu et danger.
De part cette question de normes et normalités, je me pose une question : pourquoi suis-je ainsi ? Et ici, je ne peux y apporter de réponses. Il y en aurait bien une, celle que j’ai tant vu dans les articles lu, les conversations avec d’autres « anormaux » dans des groupes spéciaux mais encore une fois elle me satisfait sans me satisfaire. Cette réponse c’est : ce n’est pas un choix mais une réalité. Le choix induit que j’ai choisi d’être ce que je suis. La réalité fait ressortir ce non-choix. Mais aurais-je pu influencer cette voie d’une toute autre façon ? Je ne sais pas. Je dois dire que mon parcours amoureux n’a pas été des plus remarquables. Dans l’adolescence, je parlais de garçons à mes parents mais sans toutefois ressentir quelques choses. Avec le recul, je me dis que c’était principalement pour rassurer mes parents peut-être. Ou me rassurer moi. Non pas que j’ai vécu entourée d’homophobe, loin de là. Quand j’ai commencé dans mon club de football vers 15 ans, j’ai pu interagir avec des lesbiennes, entrer plus dans leur « monde » qu’elles partageaient avec moi et dont je n’ai jamais porté de jugement. Cela ne me dérangeait pas et m’amusait presque. Mais à l’époque, je ne me posais pas de question. Je ne voyais que l’école, le boulot, le foot et un avenir. J’ai déjà constaté que j’étais différente mais je le mettais sur le principe que j’étais une fille fort réservée, qui adorait bouquiner et sacrifier ses WE pour travailler et jouer au football. Un mélange étrange entre une intellectuelle que je n’étais pas et une sportive dont je n’avais pas le physique. Mais ce n’est que lorsque je suis arrivée en supérieur que là c’est posé à moi la question de mon identité sexuelle. En effet, il m’a fallu bien deux mois avant que je puisse dire « je suis lesbienne ». J’étais tombée amoureuse d’une copine de classe, pure hétéro. Au début je me suis dit que c’était simplement le concept d’une grande amitié qui se mettait en place mais au fur et à mesure de mes réflexions, je me suis dit « oh… En fait je l’aime ». Moi qui avais été ouverte d’esprit, open avec tous cela, qui m’étais dit « bah lesbienne ou non je m’en fou », je me retrouvais devant le fait accompli. Un feed back m’a permis de me rendre compte qu’en fait je n’avais pas réellement aimé un garçon. En tous les cas pas aimé dans le sens amour réel mais juste une amitié. La question du pourquoi est tombée plusieurs fois mais ne pouvant y répondre, je l’ai laissé de côté. Je ne pouvais pas le cacher à la fille donc je l’ai mise de suite au courant. Ce qui m’a soulagé. Surtout qu’elle le prenait bien, mes compagnons de classes le prenaient tous très bien ce qui me permis de souffler. L’année suivante, je partais vers une autre école dans une autre ville. Je n’y allai pas par 4 chemins et leur annonça directement. Malgré quelques réactions de certaines, cela se passa très bien. Bon je dois dire que ce fut deux ans où je vécus relativement bien mon homosexualité dans le milieu scolaire. Par la suite, en changeant de classe, j’ai essuyé quelques remarques désobligeantes du style « ça va, ça ne te dérange pas qu’on parle de mecs devant toi » de certaines qui discutaient non loin de moi lorsque j’étudiais.
Par contre, en milieu familiale. C’était le vide complet. Je n’étais déjà pas connue dans ma famille comme étant quelqu’un qui parlait de sa vie en générale. Mais disons que cet aspect-là, ils n’en avaient que des soupçons mais jamais de réelles preuves ou de confirmation. J’avais peur de faire mon coming out auprès d’eux. C’est drôle à dire, mais il est plus facile de l’avouer à ses amis qu’à sa propre famille. Certains, en lisant, pourraient me dire que c’est ridicule. Pourquoi éprouver des difficultés si on le vit bien ? Et bien c’est parce que j’avais justement du mal à le vivre que j’avais difficile à le dire. J'avais peur de leur réaction. Un ami réagit mal, à la limite on se dit qu’il n’est pas réellement ami puisqu’il ne peut pas comprendre. Mais un membre de la famille, c’est important. Quoi qu’il arrive, il reste ton père, ta mère ou ton frère. Si il réagit mal, ça touche le cœur directement. Une flèche qui s’enfonce doucement dans le corps. Je n’osais donc pas leur dire. Pourtant ils me disaient « tu sais, si tu es lesbienne, dis le moi, je ne serais pas choqué » ou encore « bah je n’ai rien contre eux » mais dans ma tête une question persistait : « Penserais tu pareil quand l’homosexualité frappera à ta porte ? Accepterais-tu de ne jamais avoir de gendre ? » Car c’est bien connu, on parle toujours mais devant le fait accompli, on change de discours. Le destin en a voulu autrement puisque c’est une personne connue dans la famille qui m’a vue avec ma copine, main dans la main alors qu’on pensait être seule. Etant homophobe, il s’est pris une grande joie de l’annoncer à mes parents, attendant une mauvaise réaction. Il fut déçu car seul un petit « oh on se doutait. » Plus tard, quand on en a discuté, ils m’ont dit que cela ne les gênaient pas mais qu’ils étaient juste déçu que je ne l’ai pas dit moi-même. Quand j’ai annoncé ma mise en couple avec mon actuelle copine, elle fut de suite acceptée par toute la famille.
Malgré tout cela, je ne le vis toujours pas très bien. Je pourrais être heureuse : j’ai une famille qui l’accepte, des amis qui ne me repoussent pas. Ma mère a même compris que cela ne m’empêcherait pas d’avoir un enfant. Et pourtant… Pourtant je ne suis pas heureuse. Je le suis au côté de ma copine mais en même temps, je ne me sens pas normale. Je ne peux pas m’afficher comme j’aimerais m’afficher. Non par honte mais par peur qu’on nous agresse et qu’on ose la toucher. C’est bête mais alors que les médias parlent d’une acceptation de plus en plus présente, j’ai l’impression qu’on recule. Les regards des gens, leurs paroles, et même leurs questions. Ne serait-ce que la compréhension de certains membres de ma famille. Ils ne comprennent pas pourquoi je n’ai pas fait le pas moi-même auprès de mes parents, pourquoi je me proclame lesbienne alors que pour eux, je ne peux l’être puisque je n’ai jamais goûté au fruit de l’homme. Et mes explications ne leurs suffisent pas. Je viens à me demander si mes arguments sont valables. A savoir que j’avais simplement peur de faire mon coming out, de la réaction de mes parents. Mais également que je n’ai pas goûté le fruit interdit puisque je n’en suis pas attirée. Je n’en ai pas envie. Sont-ils si valable que cela ? Je n’en sais rien. Suis-je totalement épanouie, je ne pense pas non plus du coup. Suis-je heureuse ? Oui je le suis. Mais suis-je prête à le proclamer au monde entier ? Oui je le souhaite. Mais le monde entier me fait peur. Ai-je envie d’être normale ? Oui parfois j’ai envie d’entrer dans la norme afin de ne pas devoir me justifier. De pouvoir avancer main dans la main avec la personne que j’aime sans devoir avoir des regards, des commentaires ou des personnes sur le dos. Sans devoir faire attention à ne pas choquer certains adultes et surtout à ne pas montrer « le mauvais exemple aux enfants ». J’aimerais entrer dans la norme pour ne pas devoir rappeler à certains gens « normaux » qu’en fait la normalité n’existe pas et que je suis autant « normale » qu’eux peuvent l’être mais que je suis amoureuse d’une personne du même sexe que moi.
Je remercie beaucoup d’avoir lu tous cela en entier. Je remercie également les gens qui soutiennent les actions des homosexuels mais également certains artistes comme Lara Fabian qui permettent d’avoir un sourire en entendant quelques morceaux qui ne font que dire que nous sommes humains avant tout. Quelques soient nos identités sexuelles.
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