Les histoires d\'un chat bleu

le soleil couchant 1

"Je vois la biche qui est sur le bord de l'autoroute. Elle me regarde, je ne peux détacher mon regard du sien. C'est le silence autour de moi, je ne sens rien, n'entend rien et ne vois qu'elle sur le talus au bord de l'autoroute. « Tu as pu t'échapper avant qu'on te percute. C'est bien. » pensais-je.


Je ne sais pas depuis combien de temps je la regarde mais il m'as semblé que ce ne fut pas longtemps. Petit à petit, je sens que mes sens reprennent le dessus. Je vois des lumières bleu apparaître et disparaître sur le flanc du talus. « Depuis quand y a-t-il ses lumières ? D'où proviennent-elles ? ». Une image de phare sur un rocher au bord de l'océan vient dans mon esprit. « Peut être ont-ils mit un phare sur l'autoroute pour pas que les avions confondent la piste d'atterrissage et l'autoroute. L'aéroport se trouve pas loin d'ici »pensais-je naïvement.

 

Je regarde toujours la biche. Les lumières vont peut être lui faire peur. Mais ce qui va le plus lui faire peur, c'est ce bruit qui commence à être lassant. Ce « tit-tit-tit-tit ». Je n'avais jamais entendu ce bruit auparavant, peut-être parce que lorsque je passe sur l'autoroute, je suis dans la voiture et j'écoute la radio à fond.

 

Je commence à ressentir une douleur à ma poitrine, mais étrangement, je ne sais pas détourner mon regard de cette biche. « Ça doit être ma ceinture de sécurité qui me gêne ».Mais en aucun cas je la retire.

 

tit-...-tit...-tit... « Faites donc cessez ce bruit s'il vous plait. Elle va vraiment faire peur à cette biche ». Je le pense, je n'ose pas parler... elle est si belle que je ne veux pas la quitter.

 

« -grouillez-vous...on va finir par la perdre... son rythme cardiaque diminue » c'est la voix d'une femme qui hurle. Je n'avais jamais entendu cette voix avant mais je me doute qu'elle est la depuis longtemps. « Arrêtez de crier ainsi, vous allez lui faire peur » ais-je envie de dire. Mais encore une fois, je ne le dis pas de peur que la biche ne prenne peur.

 

Tit...tit...tit...tit...tit... le son est de plus en plus lent. « Ah vous avez enfin compris. Stoppez le et allons à sa rencontre. Mais laissez moi passer devant. Vous pourriez lui faire peur ».

 

Tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitttttttttttt. Je quitte enfin mon siège et je vais vers la biche, sans me retourner. Arriver jusqu'à elle, je tend la main pour la caresser. Elle se laisse faire. Je me retourne afin d'appeler la femme que j'ai entendu. Elle aussi devrait venir caresser cette splendide biche. Mais au lieu de ma voiture, il y a plusieurs voitures de polices, des ambulances, un hélicoptère et une file de voitures assez longue sur l'autoroute. Tous les policiers ont l'air de s'agiter autour d'un amas de taules froissées. Sûrement un camion qui as perdu sa cargaison encore. C'est assez fréquents ici. Je m'assois contre la biche qui a préféré adopter la position couchée. Toutes les deux nous regardons le coucher de soleil, tournant le dos à la scène de la civilisation humaine.

 

Tiiiiiiiiiiiiittttt...tit...tiiiiiittttt...tit... le bruit commence à m'énerver. « -Allez reviens. Je t'en prie reviens. Tu es trop jeune pour mourir » encore cette voix. « mais je ne vais pas partir voyons. Je veux juste regarder le coucher de soleil avec la biche. Laissez moi donc » dis-je dans le vide. Une douleur commence à venir sur ma poitrine et je me sens entraîner vers l'arrière. La biche prend peur de mon mouvement involontaire et se relève. Je ne sais pas pourquoi, mais je m'accroche toujours à son regard.

 

Tiiit..tiiit...tit..tit... Une douleur plus forte, en parfaite opposition à mon état de plénitude et de liberté d'il y a un moment, viens à moi et je sens que je suis allongée sur une surface assez dure. Je ne vois plus rien. « -enfin, je l'ai ramené. Il faut se dépêcher. Elle est stabilisée pour le transport en hélicoptère. Je vous accompagnerais. On ne peut plus rien pour sa mère. Essayons au moins de la sauver elle. »

 

Je ne comprends pas ce que la femme viens de dire. J'ouvre les yeux, je vois le ciel bleu puis de la lumière. On dirai des hélicoptères volant au dessus de moi et cherchant peut être un suspect. Beaucoup de prisonniers s'échappent et la police est obligée d'intervenir avec l'hélicoptère. La douleur à disparu mais le tit... tit...tit... est toujours là. Un flop-flop-flop finit de me convaincre qu'un hélicoptère n'est pas loin. Maintenant je suis sûre de ne plus voir ma biche. Avec le bruit qu'ils font, elle a du s'enfuir. Plus besoin donc de rester éveillée. Je suis fatiguée. Je vais dormir un peu. Maman me réveillera quand nous serons à la maison.

Tit...tit...tit... Encore ce bruit ? Pourquoi maman laisse-t-elle la même chaîne radio. C'est vraiment du n'importe quoi de nos jours. Une vive lumière passe au travers de mes yeux clos. On est peut-être arrivé à la maison. J'ouvre doucement les yeux et c'est un visage flou qui se trouve au dessus de ma tête. « -Tu te réveille. Surtout ne bouge pas, cela risquerai de te faire mal malgré les anti-douleurs. » C'est la voix de la jeune femme que j'avais entendu dans la voiture. Ma vue commence à devenir normal. Petit à petit, je distingue son visage et son corps. Elle est habillée d'un uniforme d'ambulancier. Derrière elle, je vois un plafond blanc.

 

Tit..tit..tit... Le bruit augmente au fur à mesure que ma peur va en grandissant. « -chhuuuttt, n'aie pas peur, tu es à l'hôpital. Tu ne risque plus rien ». « A l'hôpital ? Mais pourquoi suis-je à l'hôpital ? » Voulus-je répliquer mais aucun son ne sortit de ma bouche.

 

« -tu as eue un accident, répond-elle à ma question non formulée. Vous étiez sur l'autoroute avec ta maman, vous avez essayé d'éviter une biche qui passait mais malgré les coups de freins de ta maman, vous n'avez pas su l'éviter. Vous l'avez percuté et ta maman a perdu le contrôle du véhicule. La voiture a fait plusieurs tonneaux avant de s'écraser dans un poteau éclairage. Malgré la ceinture de sécurité, vous avez subit beaucoup de dégâts. Nous sommes arrivés rapidement sur les lieux de l'accident mais tu avais perdu beaucoup de sang. Nous avons du te désincarcérer de la voiture.Ton cœur s'est arrêté de battre durant 3 min. Peu après avoir pu le relancer, celui de ta maman s'est arrêté aussi. L'autre équipe n'a rien su faire. Elle avait perdu beaucoup de sang. Je suis montée avec toi dans l'hélicoptère et nous t'avons conduit au CHU et te voila dans cette chambre... Je suis désolé de n'avoir pas su sauver ta maman. ». Au fil de l'histoire de la femme, je revois les images. Moi et maman qui chantons avec la radio. La biche qui traverse. Le coup de freins de maman. Les tonneaux et le choc sur ma poitrine. Les cris des automobilistes qui nous suivaient et qui se sont arrêté pour nous aider. Les derniers mots de maman « - Aidez la elle s'il vous plait. Sortez la de la voiture... Je vous en prie... » Ses pleurs et sa toux et puis plus rien. Le bruit des ambulances, les cris des gens qui donnent des ordres, de machines déchiquetant du métal, le bruit de la batterie que l'on recharge et ma vue qui revient. La mini torche électrique qui vérifie la dilatation de mes yeux et que j'ai pris pour un hélicoptère volant dans le ciel bleu. Le tuyau dans ma gorge, les piqûres dans mon bras et les palmes de l'hélicoptère qui se met en route.

 

Tout me revient. Je sens une larme couler sur mon visage et la douceur de doigt frotter ma joue pour essuyer cette larme. Ce ne sont pas les doigts de ma mère. Jamais plus je ne pourrais sentir ses doigts. Je m'en rends compte maintenant, et d'autres larmes viennent se joindre auprès de la solitaire. La main qui me frotta quelques secondes auparavant vint se poser sur mon épaule. Je la sens glisser sur mon bras et lorsqu'elle perd contact avec ma peau, je vois la jeune femme partir et me laisser seule dans cette chambre. Avant de totalement quitter mon champ de vision, je la vois essuyer une larme solitaire.

 

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Moi, Alexia Valsberg, 14 ans, a échappé à la mort lors d'un accident de voitures causée par une biche traversant l'autoroute. Je suis morte durant 3 min avant d'être réanimée par le docteur Françoise Joubert. Ma mère, Michelle Valsberg, est morte le 10 Août 2009 à 19h37 suite à ses blessures causées par l'accident. La biche est morte suite au contact violent avec notre voiture. Je suis restée 2 mois à l'hôpital pour plusieurs fractures à la cage thoracique et les deux jambes cassées. Mon père refusant de me voir depuis l'accident, je fûs conduite auprès de la sœur de ma mère. Depuis l'accident, j'en rêve toutes les nuits.

Pendant que vous lisez ses quelques lignes, docteur Françoise Joubert, je ne serais probablement plus. J'ai décidé qu'il était temps pour moi de rejoindre ma mère et la biche afin de pouvoir contempler un dernier coucher de soleil. Je vous remercier grandement de m'avoir sauvée mais j'aurais du rester auprès de la biche pour attendre maman. Mais avant de partir, je voulais vous raconter ce que je n'ai jamais dit à ce pédopsychiatre. Je vous raconte mon rêve car selon lui, je dois le raconter à quelqu'un de confiance. Et seul vous êtes digne de ma confiance.

Rendez vous sur le talus des trois femmes.

Alexia Valsberg."



13/08/2010
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